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Expo : Gilles Caron, le photographe qui se posait des questions

Alors que le monde est sous le choc de l’annonce la mort cruelle de James Foley, le journaliste américain décapité par les djihadistes, il n’est pas inutile de faire un détour par Tours, où l’annexe du Jeu de paume présente jusqu’au 5 novembre une rétrospective du travail de Gilles Caron. Le nom ne vous dit peut-être pas grand-chose ; moins que ceux de Henri Cartier-Bresson ou Raymond Depardon, mais c’est pourtant l’un des grands noms de l’histoire du photojournalisme français, mort trop jeune, à 31 ans, en couvrant la guerre du Cambodge en 1970. La mort a toujours fait partie de ce métier, et trop de jeunes reporters et photographes ont péri de s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, ou simplement trop près de là où il fallait être. Ce qui a changé, avec James Foley mais avant lui avec Daniel Pearl, lui aussi décapité au Pakistan, ou avec nos confrères de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, tués au Mali l’an dernier, c’est qu’on tue aujourd’hui de journalistes pour ce qu’ils sont, pas parce qu’ils reçoivent une balle perdue. Autre époque. Questionnements

Gilles Caron a marqué son époque, et l’histoire du photojournalisme qu’il a connu à son apogée, parce qu’il s’est donné à fond à ce métier, et qu’il a commencé à se poser des questions. L’un des premiers, il s’est interrogé sur le sens de la photographie, le témoignage, l’impuissance.Il y a, à Tours, une photo qui résume cette mise en abîme de Gilles Caron par rapport à son métier. Parti au Biafra couvrir une guerre civile atroce, avec une famine qui emporte les enfants sans que rien ni personne ne parvienne à faire quelque chose, il prend ce cliché de Raymond Depardon filmant un enfant décharné à l’agonie.Comme d’innombrables fois dans les décennies suivantes, des journalistes, des photographes, se demanderont à quoi bon témoigner si rien n’est fait, pourquoi il est possible de montrer l’image d’un enfant qui meurt, mais pas de le sauver. L'expo de Tours En 150 photos, le parcours de ce photographe qui aura touché autant aux guerres, aux conflits sociaux et politiques comme mai 68 en France, qu’aux stars et aux cinéastes de la Nouvelle vague.Un homme qui disait, comme le rappelle sa femme Marianne dans la préface d’un livre de ses lettres de la guerre d’Algérie intitulé « J’ai voulu voir » :

« Je ne peux m’empêcher de penser que le monde est mon aventure personnelle et qu’il continuera toujours après moi. »

Photo iconique de mai 68 à Paris (Gilles Caron)

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